À 35 ans, l’artiste multidisciplinaire fait partie d’une génération montante de personnalités qui font rayonner les cultures autochtones. Incursion dans sa danse et sa poésie.
Sur Tiktok, quelque 32 500 abonnés suivent Catherine Boivin au rythme de la danse du châle — mieux connue sous le terme anglais Fancy Shawl Dance. Sur son blogue, elle compose de la poésie tout en dentelle et esquisse des croquis à la fois doux et puissants. Rien d’étonnant à ce que la jeune Atikamekw soit devenue, en quelques années seulement, une égérie des communautés autochtones. Sa parole teintée d’humour sensibilise à leurs réalités et donne un ton léger et contemporain à la conversation.
Catherine Boivin se réjouit de constater l’essor touristique chez les 11 Nations autochtones et Inuit du Québec. Depuis toujours, l’artiste accorde une grande importance à l’authenticité des expériences culturelles. Elle prend l’exemple d’une soupe traditionnelle que vend son conjoint, le chef et artisan Jacques T. Watso. La recette relève du patrimoine W8banaki d’Odanak, la communauté où réside le jeune couple. « En mangeant la sagamité, on procède à l’apprentissage d’un mode de vie qui a évolué », affirme-t-elle.
Comprendre, oui, mais toucher à la sacralité, c’est autre chose. « Mon grand-père disait souvent Don’t pay for pray. Cela signifie qu’il y a des expériences qui ne s’achètent pas », explique Catherine. Pourtant, loin d’elle l’idée de se faire puriste. « On peut visiter un pow-wow et discuter des origines de cette fête pour le corps et l’esprit, indique-t-elle. On peut découvrir la bannique frite ou participer à un mokocan, un genre de potluck où l’on peut déguster diverses saveurs, mais l’enseignement de [certaines notions] s’étend sur des années, et parfois, toute une vie. On ne peut les assimiler en achetant simplement un billet d’entrée. »
Son terrain de jeu, celui qu’elle partage avec son amoureux et Maskowisi, sa fille de trois ans, c’est Notcimik, la forêt, le territoire, la Terre mère. « C’est là d’où je viens, et j’ai régulièrement besoin de m’y replonger. » C’est d’ailleurs sa belle authenticité qui transparaît à travers son art. Une qualité pourtant si facile à trouver si l’on sait où regarder : « Recherchez d’instinct la rencontre véritable, ajoute Catherine Boivin. C’est cela qui est intéressant: visiter un lieu, et en ressortir avec une histoire et une compréhension qui mènent à une plus grande ouverture sur l’Autre. »
CATHERINE BOIVIN ENTRE DANS LA COURSE : L’artiste multidisciplinaire a également réalisé 6 minutes/km, un documentaire plusieurs fois primé. Le court-métrage a été présenté à Cannes en 2023, en plus d’avoir reçu un prix au Toronto International Film Festival.