La meilleure occasion d’admirer des régalias est d’assister à un pow-wow, un rassemblement unique où tous peuvent venir s’imprégner des cultures et des danses autochtones. Le photographe Roland Lorente et sa compagne, Aline Saffore, en ont visité une vingtaine au cours des dernières années afin de bâtir l’exposition Régalia, fierté autochtone.
« À mi-chemin entre l’œuvre artistique et le vêtement sacré, la régalia est un moyen d’expression pour les danseurs qui la décorent eux-mêmes selon ce qu’ils souhaitent manifester, précise Aline Saffore. Certains choisissent d’y mettre les symboles de leur Nation, comme la fraise chez les Kanien'kehá:ka (Mohawks) ou les fleurs chez les Atikamekw, mais ça peut aussi être des détails plus personnels. »
Ainsi, la régalia est très révélatrice de la culture et de l’identité de son propriétaire. Souvent inspirée d’un rêve ou d’une vision, chacune est unique et créée spécialement pour et par la personne qui la portera. Elle peut également être adaptée selon le type de danse. Les éléments qui la composent sont sélectionnés avec soin, des matériaux aux motifs et accessoires. Elle est ensuite peaufinée et modifiée tout au long de sa vie pour raconter en détail et en couleurs une partie de son passé, de son présent et de son avenir.
Le plus souvent, la régalia est fabriquée par la personne qui la porte ou ses proches. Elle symbolise l’importance du lien sacré entre les ancêtres et les membres d’une famille et d’une communauté. Sa confection est donc une activité éminemment spirituelle qui témoigne d’un savoir-faire traditionnel, transmis de génération en génération. Ces différentes techniques d’artisanat, comme l’art du perlage, de la broderie et du travail du cuir, sont souvent apprises dès le plus jeune âge.
Celle de la danseuse d’origine Wolastoqiyik (Malécite) Ivanie Aubin-Malo, par exemple, représente la connexion qu’elle a eue avec son mentor. La robe, les collants, le plastron et le châle de son habit ont été confectionnés par le designer Tyler Alan Jacobs, mais Ivanie a fabriqué elle-même le reste de sa tenue, en la couvrant minutieusement de perles et en se cousant des mocassins. Ces étapes fastidieuses lui ont enseigné la patience nécessaire avant d’être prête à danser. Par respect pour ce travail colossal et pour le caractère sacré du vêtement, nul autre que son propriétaire n’est autorisé à toucher une régalia, à moins d’en avoir reçu l’autorisation. « Les danseurs sont toutefois très ouverts à en raconter l’histoire, mais il faut leur demander avec respect », dit Aline Saffore.