Dans la culture innu, comme dans celles des autres nations autochtones, le cycle de la vie est symbolisé par un cercle formé par les êtres humains et les étapes de leur existence, en harmonie avec leur environnement. Voici une légende qui raconte ce parcours inaliénable.

Elle met en scène un enfant qui, en grandissant, se montre curieux de ses origines. Il partira en voyage à la rencontre de ce « lieu nordique » qui l’a vu naître. Le trajet est planifié par ses parents, qui l’attendront au bout de ce pèlerinage. C’est donc seul qu’il entame son chemin, faisant appel à un aîné pour l’orienter. « Le saumon a amené tes parents, lui dira-t-il. Suis la route des saumons et tu les retrouveras. »

L’enfant se lance à l’aventure, guidé par un saumon vers l’intérieur des terres. Il embarque dans le canot d’une famille, puis partage un campement avec d’autres Innus qui fument du poisson au pied d’une chute. Son saumon a toutefois sauté par-dessus la chute et a filé sans l’attendre… Un homme le transporte en canot, puis le quitte après un portage en lui prodiguant ce conseil : « Observe autour de toi. Le saumon laisse des traces sur la roche lorsque la rivière est à bas niveau, révélant ainsi le chemin pris il y a déjà plusieurs lunes. » 

Le jeune se remet en route, encouragé par des pêcheurs à remonter encore la rivière pour découvrir de plus gros saumons. Plus au nord, le cours d’eau laisse place à un ruisseau tranquille. Il rejoint d’autres pêcheurs : il s’agit de ses parents, qu’il retrouve avec joie.

Demeure l’énigme de sa naissance que sa mère résoudra par ces mots : « Tout comme les petits saumons, tu as trouvé ton lieu de naissance et tes origines en suivant la rivière et en écoutant ton cœur. Le Nitassinan est l’endroit d’où tu viens. Sur cette terre, ajoute-t-elle, chaque lac, chaque rivière, chaque sentier est ta maison ». L’enfant apprend alors qu’il fait partie d’un peuple nomade, partant en canot vers l’intérieur des terres en automne et revenant au printemps vers la mer… « tout comme le font les saumons, conclut la mère, et comme tu le feras tout au long de ta vie, mon garçon ».